C'EST LA CORRIDA
Je suis un taureau d'Andalousie, et je vis dans une prairie,
Bordée de cactus et de plantes de papyrus.
Des barrières tout autour, quelques vaches me font la cour.
J'entends une fanfare aux alentours, ainsi que leurs tambours.
Tous les olé olé dans le lointain se mettent à résonner.
Aujourd'hui c'est un copain, demain que va-t-il m'arriver ?
Ce sera moi le taureau, face à ses bourreaux. Je devrai combattre
ces ballerines, ces pantins, ces figurines en tenue d'Arlequin. Clac !
J'entendais le verrou qui s'ouvrait tout à coup, un camion me
chargea pour me conduire vers le trépas.
Les vaches se mirent à beugler, et moi les larmes ont coulé.
L'heure avait sonné, elles comprirent que je partais pour crever.
Quand la porte s'ouvrit, je fus ébloui. J'étais au milieu d'une grand-place,
tétanisé et face à face, d'une foule en délire, râlant dans ses rires.
Pendant que moi j'étais là, ne sachant trop pourquoi.
Soudain on me piqua et au cou on me frappa. Pourquoi ces
acrobates veulent-ils m'abattre ? Quel est donc ce jeu de con,
dois-je m'énerver pour de bon ?
Ils me font saigner, mais ils vont me le payer.
Je me défends avec courage, mais le cœur en rage, ne sachant pas
qu'on pouvait s'amuser de voir un animal agoniser.
Quelle souffrance, ô mon Andalousie, reprends vite ma vie.
Ce soir la femme du torero, fêtera son héros. Je sens mes pattes
s'alourdir, je n'ai plus la force de courir. Le public rit comme je râle,
je les vois danser, ces cannibales. Je sens une lame me transpercer
la poitrine, mon pouls décline. Adieu monde ingrat.
Et vous avez payé pour voir cela ?