HISTOIRE MACABRE
Dans un cimetière, un jour, je passais tout seul.
Sur une tombe muette
Voici tout à coup un jeune squelette
Qui se dresse devant moi, debout, dans son linceul.
Je fus pris d'une grande frayeur
Je n'avais jamais eu aussi peur.
Il me dit :
Fils de la solitude, écoute !
Permets-moi de t'accompagner sur ta route,
Faisons un brin de causette
Me dit-il, d'une voix fluette.
Tu vois, mortel, dans cet asile
Nous dormons tous tranquilles.
Nous percevons les hurrahs du vent
Les murmures de quelques passants,
Les pas sur le gazon jeune et doux
L'odeur de la rosée qui vient jusqu' à nous.
Je suis un cadavre abandonné :
Mon nom est même effacé.
Je fus jadis un poète, comme toi,
Et j'écrivais ce que je ressentais en moi.
Puis tu vois on se retrouve ici,
Au boulevard des incompris.
On est parfois célèbre, d'autres sombrent dans l'ignorance,
Mais ici cela n'a pas d'importance ;
On est tous égaux
Devant le Très-haut.
On attend d'être jugé !
D'un côté les bons et de l'autre les mauvais.
Allez ! va poète, ne te sens pas broyé sous la dent du remords,
Ecris dans tes livres qu'ici on est heureux
Dans la ville des morts.
Ecris au monde entier de prier Dieu,
Dans un éclair le squelette disparut
Je ne l'ai plus jamais revu.