JE SUIS ECRIVAIN
Je suis écrivain, c'est ma façon de respirer. Je mourrais
si je ne pouvais écrire. Ecrire c'est ma défense contre la
menace de la folie. Je peux écrire bien et mal, c'est un
énorme travail. Il y a aussi une différence entre écrire
bien et très bien, et être génial. La gloire m'importe peu.
Le fait de bien écrire c'est l'assurance d'être petit.
L'écrivain est un frustré, il est très sectaire, son désir est
plus fort que la réalité, et il comble ce vide avec des mots.
Il n'y a rien de plus réconfortant qu'écrire, cela doit toujours
servir à émotionner, et servir à comprendre mieux notre
monde. La littérature est une défense contre ce monde.
L'écrivain, ce qu'il désire le plus, est indicible, accessible ou
inaccessible. C'est ma nécessité, c'est une bêtise nécessaire,
de cette innocence je puise mon énergie pour continuer. Il
m'arrive d'avoir un complexe de culpabilité, la sensation de
ne pas faire mon devoir si je n'écris pas. La vie est une série
de renoncements, et écrire est fastidieux parce que ça te fait
souffrir beaucoup, et à la fois c'est fabuleux de pouvoir le
faire. Doux ou douloureux, vocation ou un travail,
si les gens étaient en train d'écrire ou de lire, ils ne
songeraient pas à faire la guerre. A moi, tout est prétexte à
voyager, j'ai deux visions des choses et je vois les moindres
détails. L'art est fragile, et être, une charge aussi fragile. La
critique, l'éloge, les lauriers...La finale de toute façon est la
même pour tous, la mort.