MAIS QUE S'EST-IL DONC PASSÉ ?
Qu'as-tu donc mon gentil poète
Et quelle est ta peine secrète ?
Si je devais parler de mes souffrances
De mes amours, mon métier, mes folies et mes
expériences, il me faudrait beaucoup de papier
Pour tout vous raconter.
Quel est donc ce mal que j'ignore ?
Raconte-le-moi, je t'en implore.
Soit ma Muse, je veux bien te raconter les histoires
Marquées d'une croix gravée dans ma mémoire.
Mais sois sans crainte, ces lignes qui m'inspirent
Elles feront parfois pleurer, parfois sourire
Je veux bien être pour toi une consolatrice
Mais ne fais pas de moi ta complice.
Je dois parler avec amour et sans haine
De tout ce qui me peine
Ce monde auquel j'appartiens devient fou
Et je ne le supporte plus du tout
Comme une mère vigilante
Je me penche sur toi tremblante.
Je pourrais en dire tant sur les heures
Où je pensais entrevoir le bonheur
J'ai essayé d'être heureux
Mais je n'ai attiré que la fougue des Dieux.
Apaise-toi, je t'en conjure
Je panserai tes blessures.
À quoi bon, je ne puis oublier ma jeunesse
Ni le spectre de mes maîtresses.
Finis les printemps et les beaux jours
Honte de moi ces funestes amours.
Chasse le nom de toutes ces femmes
Oublie-les, et pense à la purification de ton âme…
De mes yeux jaillit la source des pleurs
Je suis empreint d'une très grande douleur,
Je vais les bannir à jamais de ma mémoire
Chasser ces mystérieuses et sombres histoires.
Poète c'est assez, même que l'illusion n'aurait duré qu'un
jour, si tu veux être aimé, respecte tes amours.
Epargne-moi ma déesse ta haine
L'effort est grand pour la faiblesse humaine,
Je t'en conjure laisse venir sur moi l'oubli
Afin de retrouver le calme de mes nuits.
Ton récit témoigne d'une vive souffrance
Ce n'est pas sans motif qu'agit la providence.
Crois-tu donc distrait le Dieu qui m'a frappé ?
Ça ne peut être qu'un rêve tous ces amours trompés
Je voudrais connaître le secret des heureux
La formule qui permettait d'arrêter les larmes de mes yeux.
Ô mon enfant, donne la main à ta Déesse
Tu oublieras les maux de ta jeunesse.
Je sortis tout à coup des voiles du sommeil.
J'aperçois les premiers rayons du soleil,
Mon réveil rompt le charme.
Je sens perler sur ma joue de véritables larmes.