MON VIEUX
Assis dans une bergère,
Il ne bouge plus guère.
Vêtu d'une chemise de Viyella,
Et d'un pantalon en Alpaga,
Les jambes allongées,
À longueur de journée.
Il écoute chaque tic-tac de sa pendule,
Qui, inexorablement, ne recule.
C'est la polynévrite et l'arthrite
Qui l'obligent à rester prostré.
Son diabète le condamne à la diète
Le métier de cabaretier l'a mis à plat,
Lui, le coiffeur et le mayeur des six bras.
Quarante années au service d'une clientèle,
Qui lui resta toujours fidèle
Maintenant, il marche à tâtons avec son bâton,
Il fait ses commissions avec contention,
Car il est pointilleux et vétilleux.
Il adore l'art de la cuisine
Qu'il étudie avec sitiomanie.
Une autre distraction, c'est la télévision.
Cela lui permet de faire le tour de l'univers.
Sur cette terre, chaque seconde devient un calvaire
Pour mon vieux père.